Auguste

John Wesley de Kay

1909

Auguste RODIN (1840–1917) 

John Wesley de Kay dit aussi John Winchester de Kay 

Connu aussi sous le titre de Dante 

Conçu vers 1909, ce buste fut fondu par Rudier en septembre 1917. 
Dimensions : Haut. sans le socle 37 cm / Hauteur avec le socle 53 cm 

Provenance  

John Wesley de Kay, 1917
Collection privée, France
Montjoie Art Transactions, France, 1986
Collection privée, France, 1995 

Description 

Epreuve ancienne en bronze, fondu au sable, à patine vert foncé nuancé, socle moderne en marbre noir fin de Belgique – fonte RUDIER

Afin de déjouer les faussaires déjà actifs du vivant de Rodin, son fondeur Rudier lui suggéra de signer son nom A. Rodin en relief sous ses bronzes. 

John Wesley de Kay (1872-1938), riche entrepreneur américain et personnage sulfureux du début du XXème siècle, était avant tout un escroc mondain, habitué du changement d’identité. Il se présentait également comme John Winchester de Kay. Ayant fait fortune à Mexico, il s’était notamment vanté dans ses lettres avec Rodin, d’avoir sauvé la jeune république mexicaine. 

S’improvisant dramaturge, il monta la même année à New York une pièce « Judas », où Sarah Bernhardt interprétait le rôle-titre, mais dont le jeu fut jugé scandaleux par la critique et l’obligea à s’arrêter dès la première représentation ! Impliqué dans plusieurs affaires d’escroquerie, John Wesley de Kay fuit les Etats-Unis et résida dans bon nombre de pays d’Europe, où chaque fois il était poursuivi pour ses malversations, puis finit par être extradé vers les Etats-Unis. De Kay fut finalement arrêté en 1930 en Autriche. 

De Kay fut introduit auprès d’Auguste Rodin par la danseuse américaine Loïe Fuller à la fin de l’année 1908. De Kay lui commanda peu après son portrait. Lors des séances de pose en mai 1909, Rodin comparaissait ses traits au poète italien Dante Alighieri. Le marbre fut commandé à la fin de l’année 1909, avec deux épreuves en bronze, dont un acompte fut payé en janvier 1910. 

De Kay ne reprit plus contact avec Rodin après 1914, et ce n’est qu’en juillet 1917 après l’annonce des donations de Rodin à l’Etat français pour la création du musée, que son avocat contacta Léonce Bénédite, premier conservateur du musée, pour se faire livrer son buste. Le marbre étant resté à l’état d’ébauche et l’oeuvre non complètement payée, Bénédite refusa de livrer le buste mais proposa cependant de faire réaliser une épreuve en bronze à titre de compensation, ce qui fut accepté. Le bronze, exemplaire unique, fut finalement remis par le musée à son avocat en octobre 1917.  

Le Musée Rodin conserve plusieurs versions en plâtre de 1908 (inv. S 1370, R 392 ; S 1688 ; S 2129 ; S 1709), ainsi qu’un marbre du même modèle de 1914 (inv. S 1211, R 345). 

Une terre cuite du même sujet est exposée au Victoria & Albert Museum à Londres (inv. A.50-1914). 

Le Comité Auguste Rodin inclut cette oeuvre dans leurs archives en vue de la publication du Catalogue Critique de l’Oeuvre Sculpté d’Auguste Rodin, actuellement en préparation.