Walter

Firpo

1903-2002

Peintre, écrivain et poète. Elève d’Albert Gleizes dont il devient l’ami, ainsi qu’entre autre d’Henri Matisse, Giorgio de Chirico, André Lhote, Sonia Delaunay.

Firpo nait à San Juan en 1903. Après la 1ère guerre mondiale, il trouve un emploi de clerc de banque à Nice et commence à explorer les mouvements intellectuels artistiques français. En 1929 il rencontre Albert Gleizes, autorité et théoricien reconnu du Cubisme et de l’Art Moderne. Séduit par les talents du jeune Firpo, Gleizes expose directement avec lui, et devient son maître et ami. Il écrira au sujet de cette rencontre : “ Notre amitié, fondée sur l’esprit, fut immédiate “

En 1931 Firpo séjourne à la communauté de Moly-Sabata fondée par Gleizes. Il croise ainsi Charchoune le Russe, Hone et Jellet les Irlandaises, Dangar l’Australienne.

Puis viennent les années d’indépendance. Firpo s’émancipe du Maître, expose régulièrement à Nice. Il garde ses liens d’amitié avec Giorgio de Chirico et Matisse rencontrés en 1930.

En 1946 Il renoue avec Albert Gleizes définitivement.

De 1950 à 1953 il s’installe dans une communauté protestante. Cette période d’Art Sacré renouvelle sa peinture. En 52 il expose avec Matisse qui écrit à son sujet “je vois vos belles valeurs sur les murs, chauffées par le soleil de Marseille”.

Suivent, entre autre, les importantes rétrospectives de son oeuvre à Paris, à la Galerie Jeanne Castel (1955), et à La Galerie du Colisée (1961).

L’exposition de 1968 à la Galerie Merenciano de Marseille consacre son travail sur le thème de la renaissance. En 1969, le Musée de Boulogne sur Mer lui commande une exposition sur “la vie quotidienne d’un Port”. “J’ai considéré le port et son activité comme un système vibrant polarisé et oscillatoire qui pouvait se relier à la genèse même des formes”.

De 1950 à 1970 Firpo reste attaché à sa Provence où il expose régulièrement – et résidence de nombreux artistes investis dans les nouvelles plastiques – mais n’est pas moins en contact avec la vie intellectuelle et artistique parisienne. Il expose aussi à l’étranger et continue en parallèle son travail d’écrivain, enseignant, chercheur et poète. Il correspond activement avec Sonia Delaunay, organise notamment des conférences sur Robert Delaunay, Gleizes, Picasso, Chagall, Cézanne, Van Gogh, Renoir et sur la poésie.

Ainsi, Firpo et Gleizes démontrent que Van Gogh, loin d’être illuminé et fou, était en réalité un artisan patient et consciencieux qui envisageait – avec une lucidité étonnante, trop grande pour son époque – la nécessité d’incarner le mouvement intrinsèque à la physiologie de nos yeux dans la peinture prétendu statique.

Enfin, Firpo défend l’Obscurité poétique, que l’on peut résumer dans la citation de Henri de Régnier au sujet de Mallarmé « Il y a dans un vers de Mallarmé tous les éléments nécessaires à sa clarté ; seulement ils s’y trouvent épars, situés au lieu exact de leur utilité pour l’élégance graphique de la phrase. »

Les petits formats sur papiers de Walter Firpo révèlent particulièrement le propos de l’artiste : l’obscurité poétique (au contraire d’une clarté de sens immédiate) est le moyen de protéger la lente germination de l’oeuvre dans l’esprit du spectateur.

Grand coloriste, il utilise la couleur comme le révélateur de la lumière, de même, ses fragmentations et déstructurations rythmées, mettent en scène non pas une nature sublimée, mais la nature de sa quintessence.

L’oeuvre de Walter Firpo est tout à la fois d’une spiritualité céleste (Gleizes), lumineuse, personnelle, poétique, parfois teintée d’humour, habitée par une lumière intérieure et la lumière du sud.

« La carrière de Firpo s’est développée à l’écart, dans la solitude de la province, et cela par goût, par volonté, par nécessité d’être. Il s’est nourrit pendant trente ans des sortilèges de la Provence. » Robert Delagneau, 1969, Conservateur du Musée de Boulogne sur Mer

A partir des années 1970, il travaille et expose principalement en Provence, continue son travail de chercheur, enseigne.

Puis, devenu âgé, il se consacre pleinement à la transmission de l’oeuvre de Gleizes, pour laquelle il oeuvre depuis sa mort en 1953.

Walter Firpo « sans jamais renoncer à son approche très distincte et personnelle de la peinture, devient le grand champion de Gleizes, un des seuls qui se batailla, par des articles, des conférences , et dans une merveilleuse, très large et gigantesque correspondance, à garder son nom vivant après les années difficiles qui suivirent son décès.» Traduction, d’après Peter Brook « Albert Gleizes For and Against the Twentieth Century » Yale University Press-2001.