Mimmo

Rotella

1918-2006

Domenico Mimmo Rotella est né en 1918 à Cantazaro sur la côte Calabraise. Après avoir étudié l’art et enseigné le dessin à l’Accademia delle Belle Arti de Naples, Mimmo Rotella s’installe à Rome en 1945. Après des débuts figuratifs, il développe un style abstrait et géométrique sans grand succès. Comme une forme alternative d’expression, il invente la poésie « epistaltic » en 1949, une combinaison de mots (parfois inventés), les sons et onomatopées en réitération.

Il établit en 1951 un premier contact avec les artistes français à Paris au Salon des Réalités Nouvelles, puis il obtient une bourse et part aux Etats-Unis où il fait la connaissance de Robert Rauschenberg, Cy Twombly, Jackson Pollock puis à Rome en 1960, Willem de Kooning et Mark Rothko.

A partir de 1955, il découvre l’affiche publicitaire comme moyen d’expression artistique et message de la ville. Il commence alors à coller sur sa toile des morceaux d’affiches déchirées et lacérées. Il pratique le double décollage (« Affiche arrachée de son support puis déchirée en atelier ») et les arrières d’affiche. Pour ce travail il obtient différents prix.

Après 1958, il se consacre à un décollage figuratif et crée la série Cinecittà, en utilisant les chiffres et les visages des affiches de films. Marilyn Monroe devient l’une des icônes de son travail.

Il accepte l’invitation du critique d’art Pierre Restany à faire partie du mouvement du Nouveau Réalisme en 1961, et trois ans plus tard, il s’installe à Paris. Héritier du mouvement Dada mais contemporain du Pop art américain, le « Nouveau réalisme » s’inscrit dans la mouvance artistique des années 1960 qui place au centre de l’œuvre l’objet quotidien. Ce courant, initié par les « Ready-made » de Marcel Duchamp, entretient cependant un lien plus étroit avec la société de consommation et y installe de façon durable l’art de l’objet. L’objet existe désormais comme genre artistique au même titre que la peinture et la sculpture.

Fondé par le peintre Yves Klein et orchestré par Pierre Restany, qui en publie les différents manifestes, le mouvement se définit comme un « recyclage poétique du réel urbain, industriel, publicitaire ». Ainsi, dans leur diversité plastique, les artistes du groupe ont en commun la recherche « d’une méthode d’appropriation directe du réel ». Une réalité qui, plutôt que d’être représentée, se doit d’être utilisée telle quelle, offrant ainsi une grande inventivité dans les techniques d’expression, qui laissent une large part à l’utilisation du hasard et du déchet : femmes-pinceaux d’Yves Klein, tableaux-pièges de Spoerri, assemblages de Raysse, accumulations d’objets d’Arman et de Deschamps, compressions et expansions de César, emballages de Christo, affiches lacérées de Hains, Rotella et Villeglé, peintures au pistolet et personnages de Niki de Saint Phalle, machines à peindre de Tinguely.

« Tel est le Nouveau réalisme : une façon plutôt directe de remettre les pieds sur terre, mais à 40° au-dessus du zéro de dada, et à ce niveau précis où l’homme, s’il parvient à se réintégrer au réel, l’identifie à sa propre transcendance, qui est émotion, sentiment et finalement poésie, encore. » (P. Restany. 1er Manifeste, [extrait] Milan 16 avril 1960).

De 1965 à 1976, Rotella met au point un processus appelé « Mec-Art », dans lequel en projetant des négatifs de photos sur une toile recouverte d’émulsion. Il fait ensuite la série Artypo, puis Plastiforme, où des affiches déchirées ont été placées sur un support en polyuréthane qu’il fera évoluer en les froissant et en les enfermant dans des cubes en plexiglas.

Rotella s’installe à Milan et crée, dans les années 1980, une nouvelle série, les Blanks, affiches recouvertes d’un papier monochrome généralement blanc ou bleu. En 1984, il commence à peindre et produit la série Cinecittà 2, suivi par le Sovrapitture, la peinture directement sur la publicité.

Il expose au Centre Pompidou de Paris et au Museum of Modern Art de New York en 1990, et au Musée Solomon R. Guggenheim en 1994. En 2000, il crée la Fondation Mimmo Rotella dont le but est de promouvoir l’art contemporain et de préserver le travail de l’artiste.

Mimmo Rotella s’éteint à Milan en 2006.