Mel

Bochner

(né en 1940)

Mel Bochner né en 1940 à Pittsburgh y poursuit des études au Carnegie Institute of Technology puis s’installe à New York en 1964. La découverte de l’oeuvre de Jasper Johns lui permet de se consacrer à un travail plus conceptuel. Ainsi, pionnier de cette forme d’art dans les années 60, il est un des premiers artistes à introduire le langage dans les arts visuels. Depuis, Mel Bochner utilise différents moyens : photographie, installation, film ou peinture pour mettre en scène le signe, linguistique ou chiffré.

A partir de 2004, il développe une série initiée pour la Whitney Biennial, les «Thesaurus Painting» (notre œuvre). Cette série tire son nom du Roget’s Thesaurus, un dictionnaire de synonymes qui accompagne Mel Bochner depuis son premier travail sur le langage en 1966. Elle se caractérise par une liste de synonymes organisés en lignes de textes parallèles. La suite de mots débute avec le terme générique pour aller crescendo vers le terme le plus familier, voire le plus vulgaire, créant à la fin un effet de surprise. Mel Bochner considérant que «la fonction de la couleur est de faire dévier le texte de sa responsabilité à l’égard du sens», elle est ici d’une grande importance dans ses compositions. Si la couleur du fond est décidée à l’avance, celle des mots est plus spontanée, improvisée, et est associée à chacun d’eux.

Réalisées à la peinture à l’huile sur velours et au moyen d’une presse, ces dernières oeuvres acquièrent une vraie matérialité. Des coulures apparaissent lors du pressage de la peinture et de la toile de velours et altèrent la graphie ronde des lettres placées sur des fonds sombres. Ainsi les mots ne remplissent plus seulement une fonction graphique, mais deviennent des éléments picturaux, leur message s’en trouve ainsi brouillé.

Dans ses dernières peintures, Bochner explore aussi bien la richesse des éléments picturaux que la couleur. Ses oeuvres offrent une myriade de plaisirs pour les yeux, la lecture des différentes couches picturales s’associe à son approche littéraire des associations de mots démontrant l’intérêt de Bochner pour la philosophie d’une part et l’humour et la culture populaire d’autre part. Ces pièges visuels et verbaux interrogent le spectateur, qui est obligé de négocier un chemin entre l’opticalité pure de la couleur, la matérialité de la peinture, et la langue parfois transgressive. Son oeuvre a fait l’objet d’une rétrospective (New Haven et New York) en 1995-96 ainsi que d’une exposition majeure à la National Gallery de Wahsington en 2011. Une exposition (‘Strong language’) lui a également été consacrée au Jewish Museum de New-York en 2014. Ses œuvres sont aussi bien présentes dans les plus grands musées (MOMA) que dans d’importantes collections privées.