Eugène

Boudin

1824-1898

Précurseur de la peinture en plein air, à une époque où la peinture officielle, figée dans les conventions, se fait en atelier, Boudin déclare : « Trois coups de pinceau d’après nature valent mieux que deux jours de chevalet ». Fils de marin, il passe sa jeunesse au milieu des brumes et des coups de vent. Il connaît une certaine misère, financière et psychologique, jusqu’en 1859, année de son installation à Honfleur. Dumas fils achète ses œuvres. Courbet l’encourage : « Il n’y a que vous qui connaissiez le ciel ».
« On peut deviner la saison, l’heure et le vent » écrit Baudelaire de ses pastels.

En 1860 il se met à peindre des scènes de plages, dites crinolines, frises d’élégants aux allures décontractées, dont le chromatisme raffiné se détache sur fond de ciel et d’eau, sujet à l’origine de sa renommée. En 1880 Durand-Ruel lui achète toute sa production. Boudin garde toute sa vie un attachement profond à sa Normandie. Il est le peintre par excellence des « soleils mouillés », des « ciels brouillés », de la lumière changeante, des atmosphères fugitives, du gris nacré des nuages et du clapotis des ports, de leurs grands trois-mâts, thèmes infinis de recherches.

C’est le maître incontesté des atmosphères marines et des beautés météorologiques, comme l’écrit Baudelaire. Sa touche frémissante exalte les valeurs de l’esquisse et de la suggestion, effets que les impressionnistes, et surtout Monet, qui devint son ami, sauront amplifier. « Si je suis devenu peintre, c’est à Boudin que je le dois » aimait à dire Monet. Toute la modernité de l’impressionnisme est visible chez Boudin dix ans avant que ce mouvement n’apparaisse et soit reconnu par la critique.