Liu Bolin, la stratégie du caméléon

LIU BOLIN (né en 1973) Hidding in the city 26, In Front Of The China Flag, Photographie originale en couleur Signée, numérotée 2/8 et datée 2006 en bas à droite 160 x 100 cm Certificat d'authenticité de l'artiste

LIU BOLIN (né en 1973)
 
Hidding in the city 26, In Front Of The China Flag,
Photographie originale en couleur
Signée, numérotée 2/8 et datée 2006 en bas à droite
160 x 100 cm
 
Certificat d’authenticité de l’artiste

LIU BOLIN est né en 1973, il fait ses études artistiques dans le Shandong. Il est également diplômé de sculpture de l’Académie centrale des Beaux Arts de Pékin, ville ou il vit et travaille. Il a fait de sa spécialité l’art du cache-cache.

Dans une société qui tend à nier l’individu, LIU décide de prendre le régime chinois à la lettre et de montrer par des photographies, une société qui fond ses citoyens dans le décor. C’est le cas de notre photo où il fait  » Un  » avec le drapeau national chinois.
Cet homme caméléon pose pendant des heures devant un mur, un paysage, un monument, ici c’est l’emblème national chinois les yeux fermés, sa silhouette à peine visible. Il va s’approprier un lieu, un emblème, il veut donner la sensation du temps. Dans ses arrêts sur image, la posture figée participe à l’ensemble, c’est-à-dire que regarder une de ses photographies nécessite d’observer les détails pour distinguer les contours précis de l’artiste. LIU BOLIN se cache dans l’oppression pour ne pas y disparaître, ne pas y laisser sa peau.    

Avec l’aide de ses peintres assistants, il se fait intégralement recouvrir de peinture, visage, yeux compris, il prend la pose, sans aucun trucage numérique. À la fin du processus de camouflage, il fige sa performance grâce à la photo qui est l’aboutissement et la preuve de son Art. C’est la raison pour laquelle il se définit avant tout comme un performeur.  
Ses travaux abordent essentiellement quatre thèmes principaux : 
la politique et la censure, la tradition et la culture chinoise (cf notre drapeau), la société de consommation, la liberté de la presse.
Il se fait photographier aussi devant les monuments principaux du monde entier, ou des emblèmes.

« Hiding in the city 26, in front of the flag » fait partie de la première série de photos qu’il réalise en 2006. C’est le fondement avec la toute première photo performance de 2005 prise dans les ruines de son atelier à Suo Jiacum en réaction à sa destruction en vue des J.O. de Pékin. C’est grâce à ces premières photos qu’il sera connu et reconnu dans le monde entier.

Disparaître n’est pas le seul but de l’artiste. À travers son œuvre, il organise une protestation silencieuse. Pour lui en se cachant, il se fait remarquer. Il dénonce notamment les méfaits de la société de consommation et notamment l’individualité qui se noie dans une identité collective, le drapeau avec LIU en est un exemple.
L’assimilation entre le fond et la forme le conduit à fusionner la pluralité des temps au sein d’un même espace : celui de la photographie.
Il l’explique très bien :
« Certains diront que je disparais dans le paysage ; je dirais pour ma part que c’est l’environnement qui s’empare de moi. Dans un contexte où l’héritage culturel est prédominant, la dissimulation n’est finalement pas une solution. (…) En réalité, le problème majeur pour un individu est qu’il est accoutumé à garder les yeux clos et à bander les yeux des autres « .

LIU BOLIN est présent dans de prestigieuses collections tant en France qu’à l’étranger, cette photo de grand format (160 x 100 cm) est introuvable sur le marché, la fraîcheur des couleurs est exceptionnelle…
Son art est engagé.Il vise à parler du corpus politique justement parce qu’il a trait à l’esthétique, du visible et de ce qui est vu. Il nous incite à une prise de conscience de la société dans laquelle nous vivons et de ses limites.

Liu Bolin, Courtesy – Jean-Francis Gaud