Gérard Schneider , l’Abstraction Gestuelle

Né à Sainte-Croix en Suisse en 1886 d’un père ébéniste et antiquaire, il sera naturalisé français en 1948.Il part à 20 ans faire son apprentissage à Paris, à l’Ecole nationale des Beaux-Arts, dans l’atelier de Fernand Cormon. Après des débuts figuratifs, il choisit l’abstraction à partir de 1937, date de sa rencontre avec les surréalistes et les œuvres de Kandinsky. Il devient une des figures essentielles de la nouvelle abstraction libre et gestuelle qui naît,  à Paris après la seconde guerre mondiale.
        Il s’inscrit dans cette esthétique nouvelle d’abstraction lyrique en 1947 lors d’une exposition à la galerie du Luxembourg à Paris qui réunit Wols, Riopelle, Bryen et Hartung.

Son geste est brut et vibrant, physique et libéré, la couleur noire prend une nouvelle dimension dans sa palette et ses tableaux, comme c’est le cas dans la composition de 1952 que nous vous présentons où le geste est puissant et sûr.
         Profondément inspiré par la musique, ses coups de pinceaux traduisent dans sa peinture une émotion pure. Christian Demare, spécialiste de l’œuvre de Schneider évoque la musique comme l’un des moteurs de l’œuvre du peintre : « La musique est l’illustration parfaite de ce que doit être l’abstraction. Schneider évacue tout rapport direct au réel, toute préoccupation descriptive. Il incite à regarder une toile comme on écoute de la musique. »
Il en écoutait énormément et ses compositeurs préférés étaient Mozart, Beethoven, Stravinsky ou Poulenc, cela se ressent dans sa peinture. Il concentre ses recherches autour de trois aspects essentiels de la peinture : La forme, le geste et la couleur, c’est primordial pour lui.
Il a eu beaucoup de notoriété et de succès tout au long de sa carrière, tant en France, qu’en Europe et dans le monde entier. Représenté par la galerie Louis Carré à Paris dès 1950 puis par la Kootz Gallery de New York avec laquelle il signe un contrat d’exclusivité en 1955 et qui s’occupe également de Pierre Soulages. Il exposera notamment au Brésil, au Japon où ses compositions sont assimilées à l’art de la Calligraphie.

GERARD SCHNEIDER (1896-1986) Composition, 1952 Encre de chine, huile, pastel, aquarelle sur papier gris Signé et daté en bas à droite 48×63 cm Certificat de Madame Laurence Schneider

GERARD SCHNEIDER (1896-1986)

Composition,1952
Encre de chine, huile et pastel sur papier gris
signé et daté en bas à droite
48×63 cm
Certificat de Madame Laurence Schneider

L’œuvre que nous vous présentons aujourd’hui date de 1952 et fait partie des « Années glorieuses » de l’artiste, celles où tout commence et qui sont le fondement de son œuvre. Il utilise ici une technique que l’on appelle mixte car elle emploie plusieurs modes, le support est un papier gris subtil où est appliqué tour à tour de l’encre de chine, de l’huile, du pastel et de l’aquarelle.

Gérard Schneider dans son atelier.

Le geste du noir de l’encre de chine est de toute beauté avec des parties plus brillantes que d’autres, la fluidité y est remarquable et crée le dynamisme à l’ensemble de la composition. Un peu comme un alphabet où va s’intercaler les aplats à l’huile de blanc s’intégrant parfaitement avec le noir, tantôt pleins tantôt parsemés de tâches rondes plus claires.

Détail de l'oeuvre de GERARD SCHNEIDER (1896-1986) Composition,1952 Encre de chine, huile, pastel, aquarelle sur papier gris Signé et daté en bas à droite 48×63 cm Certificat de Madame Laurence Schneider

Le pastel bleu et le rouge sont représentés par deux traits  indispensables à notre composition. Le jaune en aquarelle complète l’ensemble par des gestes et touches harmonieuses.Cette composition est particulièrement intéressante car l’artiste a terminé sa composition par une bande noire autour du tableau encadrant ainsi son œuvre, lui donnant plus de force. Cette composition très rythmée et équilibrée résonne en nous comme une musique. Les années 50 sont les plus recherchées de l’artiste. Il est présent dans les plus grands musées français et étrangers.