Fernand Leger, l’Art de la rupture permanente

Fernand Léger est né à Argentan en Normandie. Il se forme comme apprenti architect à Caen, puis dessinateur dans un bureau parisien d’architecture de 1897 à 1902, dans un studio photographique, à retoucher des photos, entre 1903 et 1904.

Il échoue en 1903 au concours d’admission de l’Ecole des Beaux-Arts de Paris et étudie ensuite à l’Ecole des Arts Décoratifs puis à l’Académie Julian.

À partir de 1909, il loue un atelier à la Ruche. Il s’associe avec les cubistes et intègre deux ans plus tard l’informel groupe de Puteaux avec Archipenko, Tobeen, Lhote, Marcoussis, Metzinger, Picabia entre autres. Ils feront ensemble en 1912 le salon de la Section d’Or.

En 1913, il participe aux expositions de l’Amory Show en Amérique. Il signe en octobre de cette même année un contrat avec le marchand d’art Daniel-Henri Kahnweiler qui avait déjà découvert Picasso et Braque. Inspiré par les paysages de Braque, il rejoint le mouvement cubiste.

FERNAND LÉGER (1881-1955)
Plumes et crayons, circa 1927
Crayon, plume et encre de chine sur papier Annonay Canson Signé en bas à droite 32 x 24,8 cm

Provenance

Collection privée, Suisse
Kornfeldt et Klipstein, Berne (Suisse), vente en 1955
Collection particulière, Londres Vente Christie’s London 30 juin 1987
Marlene Eleni Gallery,  Londres, exposé du 14/12/87 au 30/1/88
Collection privée, Londres
Certificat d’authenticité de Madame Irus Hansma en date du 18 février 2008 annulé (perdu) et remplacé par celui du 23 septembre 2023
Le comité Fernand Leger a confirmé l’authenticité de l’œuvre et délivrera un certificat.

Pendant cette période, ses formes abstraites tubulaires et curvilignes contrastent avec les motifs rectilignes des cubistes. Il crée ainsi, pour le spectateur, cet effet dynamique et toujours en mouvement de la vision de la vie moderne. Il devient dans ce contexte le premier cubiste à expérimenter de l’abstraction non-figurative. 

Après avoir été appelé au front pendant la Première Guerre Mondiale, il devient un ami proche du Corbusier et d’Ozenfant, avec lequel il collabore à l’Atelier Libre. Ils font paraitre « après le cubisme » qui est un véritable manifeste pour le purisme. Ce mouvement entre 1920 et 1927,  impose sobriété et rigueur dans la peinture et le dessin. Les formes synthétiques aux contours précis s’emboitent les unes dans les autres. Il expose en 1925 au pavillon de l’Esprit Nouveau du Corbusier. 

Ses œuvres illustrent l’idée de « machine esthétique », du mouvement puriste avec lequel il collabore. Celles-ci statiques revêtent peu-à-peu l’aspect précis et poli de la machinerie, et témoignent de son intérêt pour la représentation des éléments mécaniques. À la fin des années 1920-1930, Léger peint également des objets isolés dans l’espace et parfois amplifiés jusqu’à un format gigantesque.

Le dessin de 1927 que vous nous présentons s’inscrit parfaitement dans cette démarche.
Ici c’est l’association de plumes d’encre avec des crayons dont l’échelle est différente. Ce sont des objets flottants dans l’espace, que l’on retrouve dans d’autres compositions de Léger. 

On note la présence dans composition en haut et vers le milieu de motifs biomorphiques. Il reste ici fidèle au « réalisme de conception » notamment par les lignes et les courbes qui la délimitent. La notion d’ombre et de lumière est aussi clairement définie avec les plumes d’encre en métal, les arêtes des crayons, le médaillon de profil.

La notion de contraste cher à Léger joue ici pleinement son rôle. Contraste entre les formes cylindriques et rectilignes qu’il reprendra tout au long de sa vie. Une perspective est donnée à l’ensemble de ce dessin, qui se trouve à mi-chemin entre purisme et surréalisme. Regardez avec quelle minutie comment les objets sont dessinés, les formes arrondies de l’extrémité des plumes comme des tubes, le noir par aplat. Il reprendra la plus part de ces motifs dans un dessin de 1946 « composition aux porte-plumes et crayon » qu’il dédicacera au critique d’art Frank Elgar.

Cette œuvre de 1927 est intérressante car elle nous permet de comprendre les différentes périodes de ce grand peintre qui toute sa vie restera attaché au monde moderne et à son évolution.