Picasso, Céramiste novateur

Après la Libération, Picasso passe plus de temps dans le sud de la France, où l’été, il rend visite à Matisse à Nice. À la fin de juillet 1946, il est présent avec sa compagne Françoise Gilot (qui vient de nous quitter), à Vallauris pour un salon de céramique. Il y découvre l’atelier de poterie Madoura dirigé par Georges et Suzanne Ramié. Tout de suite une sympathie naît entre eux qui débouchera sur une étroite collaboration.

PABLO PICASSO (1881-1973) et ATELIER MADOURA  Femme, modèle créé en 1955  Pichet tourné  Épreuve en terre de faïence blanche  décor aux engobes gravé au couteau, bleu, grège et noir  Marqué Édition PICASSO, MADOURA 165/ 200 sous la base  Hauteur 30,5 cm  Largeur 10 cm 

PABLO PICASSO (1881-1973) et ATELIER MADOURA 
Femme, modèle créé en 1955 
Pichet tourné 
Épreuve en terre de faïence blanche
 décor aux engobes gravé au couteau, bleu, grège et noir 
Marqué Édition PICASSO, MADOURA 165/ 200 sous la base 
Hauteur 30,5 cm 
Largeur 10 cm 

Provenance : 
Galerie Mayoral, Barcelone 
Collection privée 

Bibliographie: 
Alain Ramié-Picasso, catalogue de l’œuvre céramique édité 1947-1971 – 
Édition Madoura 1988. 
Modèle identique reproduit sous le numéro 301 du catalogue.

Picasso redécouvre avec bonheur les sensations du travail de la terre et son initiation au modelage en 1900 aux côtés de Francisco Durrieu Granier. Les Ramié lui proposent de venir créer 3 pièces dans l’atelier, ce qu’il accepte avec joie. L’été suivant en 1947, il découvre avec enthousiasme ses céramiques cuites, une collaboration de 25 ans est née. 

Picasso dans l'atelier de Madoura, 1951. Photographie d'Edward Quinn.

Picasso a le génie de reprendre une à une ses esquisses pour les modeler. C’est un avant-gardiste et pour lui la céramique a une place à part dans les Beaux-Arts. Pour lui la céramique permet de rompre avec la tradition des objets utilitaires : les assiettes, les vases, les pots chypriotes, les pichets de différentes formes, dont celui que nous vous proposons aujourd’hui. Il retrouve à l’atelier Madoura d’autres artistes comme Henri Matisse, Marc Chagall, Victor Brauner entre autres. 

Pour Picasso et Madoura, il faut produire des pièces d’excellence, à tirage limité et à des prix accessibles. Son vocabulaire décoratif est empreint de sa jeunesse catalane et du soleil de la Méditerranée. 
Ses sujets de prédilection sont la corrida, les taureaux, les oiseaux, le soleil, la mythologie, la femme (cf notre pichet de 1955). Ce pichet tourné fait partie de l’un des 273 modèles en céramique créés par l’artiste.
Il porte le numéro 165/200 et le cachet Madoura plein feu, Édition Picasso. Ici le décor de femme est pleinement conçu par l’artiste et s’adapte parfaitement à la plasticité, le volume, le contour de cette pièce. 

PABLO PICASSO (1881-1973) et ATELIER MADOURA  Femme, modèle créé en 1955  Pichet tourné  Épreuve en terre de faïence blanche  décor aux engobes gravé au couteau, bleu, grège et noir  Marqué Édition PICASSO, MADOURA 165/ 200 sous la base  Hauteur 30,5 cm  Largeur 10 cm 

À cette époque en 1955, date de réalisation de ce dernier, Picasso vit avec Jacqueline Roque qu’il épousera en 1961 et qui sera sa seconde et dernière épouse. Elle sera pour lui une grande source d’inspiration. Il est probable que Picasso se soit inspiré de son visage pour cette œuvre. 
Le traitement simplifié des traits du visage, les cheveux stylisés de couleur noire, les boucles d’oreille se retrouvent sur certaines photos de Jacqueline, le collier de perles à 3 rangs, la poitrine, le traitement de la robe et les motifs répétés sur l’anse comme une natte. Les couleurs sont très raffinées et l’ensemble dégage une grande sensualité et une grande élégance. 
Les céramiques de Picasso sont, ces derniers mois, très recherchées et réalisent des prix importants en vente même pour des œuvres authentiques d’édition.